Au 1er trimestre nous avons abordé le thème des Marines.
Simple élément décoratif de l’Antiquité au Moyen-âge, chatoyante et romantique entre le XVIIème et le XIXème siècle, abstraite ou réalité vivante au XXème, au fil du temps, la mer a été représentée sous toutes les formes et de toutes les couleurs. Mais son importance a grandi au fil des siècles, et d’un simple élément décoratif et secondaire, elle devient le sujet principal et un genre à part entière : les Marines.
Le travail consistait à choisir une photo représentant une vue de la mer avec un ou plusieurs bateaux et d’en donner une représentation picturale exécutée à l’acrylique et au couteau.
Mais avant il fallait bien connaitre son sujet donc un peu d’histoire …
Au cours de l’Antiquité, et jusqu’au XVième siècle, au mieux la mer accompagne la représentation d’une divinité, en l’occurrence Poséidon chez les Grecs et Neptune chez les Romains. Au pire, elle n’est qu’un simple support décoratif qui porte les navires, les galères, les nefs ou les pirogues.
Par exemple, dans la peinture égyptienne, la surface de l’eau est représentée simplement par une série de lignes ondulées parallèles et n’apparaît que dans un contexte narratif (sur des pétroglyphes, des vases, des pièces de monnaie, des mosaïques…) Jusqu’à la fin du Moyen-âge, les artistes peignent finalement plus l’eau comme un élément naturel que la mer en elle-même, insuffisant pour lancer un mouvement d’art qui émergera néanmoins au tout début du XVIième siècle.
JOACHIM PATINIER, père de la mer …
Alors que la vieille Europe intellectuelle et artistique est encore sous l’influence puissante de l’Église, un parfum de libéralisme commence à fleurir en Allemagne et aux Pays-Bas où les peintres se libèrent peu à peu des sujets religieux. Les premières peintures « marines » sont principalement des paysages panoramiques vus de haut. Cette nouvelle conception de la représentation de la mer est insufflée par le peintre Flamand, Joachim Patinier (1483-1524), et correspond à la nouvelle cartographie de la Renaissance qui développe l’aperçu « à vol d’oiseau » des territoires.
A ses balbutiements, les peintres hollandais vont dominer nettement la peinture marine. Originaires d’un pays essentiellement maritime, au florissant commerce (également maritime), ils peignent aussi bien le calme et la paix des estuaires, ports et canaux que des événements guerriers nautiques opposant la Hollande à l’Angleterre, l’autre grande puissance commerciale.
Guerre et Mer …
Suite au déclin des Pays-Bas, les peintres bataves émigrent en Angleterre et initièrent un nouveau courant artistique. Naîtront ainsi nombre d’artistes britanniques évoluant dans le style marin. Dans le même temps, au XVIIIième siècle, toutes les grandes puissances européennes possèdent des Marines de guerre et de commerce extrêmement actives, ce qui entraine inévitablement de nombreuses guerres. Comme peu de gens, en particulier les noblesses dirigeantes, voyagent en mer, ils n’ont aucune idée de ce à quoi peuvent ressembler ces guerres, d’où un besoin pictural important. A cela s’ajoutent les demandes particulières des capitaines, amiraux et autres propriétaires de bateaux qui souhaitent contempler leurs navires ou leurs actions : le métier de portraitiste de marine est à son apogée.
La Navy britannique dominant les eaux et les peintres n’illustrant que les victoires, jusqu’au 20ème siècle, logiquement, la peinture marine est pré dominée par la production anglaise. Picturalement, le style évolue et se différencie de l’influence hollandaise. L’horizon a depuis longtemps repris sa place, car le point de vue se situe maintenant au niveau du pont d’un bâtiment, sans doute parce que de plus en plus d’artistes s’embarquent à bord.
Au XXème siècle : tout est permis …
De la fin du XIXème siècle au début du XXème, la paix étant revenue, le public va délaisser quelque peu les sujets maritimes. Pourtant, chaque grand port possède des portraitistes marins qui profitent de l’arrivée des bateaux à vapeur et des scènes de pêche pour réaliser des œuvres sans véritablement suivre l’évolution de la peinture de ce siècle. Restant principalement descriptive, la peinture maritime va être bouleversée par l’arrivée de la photographie qui va amener les artistes à peindre des sujets d’autrefois, d’imaginer des scènes historiques, à contre-courant des tendances de l’époque qui manifestent le besoin d’innover, de créer et surtout de déstructurer avec l’arrivée de l’art abstrait.
La peinture de marine de la fin du XXème a vu se côtoyer toutes les tendances aux mêmes instants : La minutie d’un Chancellor, la lumière d’un Blossom, l’humanisme d’un Castelli, la narration d’un Hunt, l’ésotérisme d’un Alaux, la clarté d’un Marin-Marie, la joie d’un Brenet, l’ironie d’un Berthier, le classicisme d’un Myers, le surréalisme d’un Lecocq…